Les produits que nous utilisons au quotidien impactent fortement notre environnement. Que ce soit lors de leur fabrication, leur utilisation ou leur fin de vie, les produits polluent, utilisent de l’énergie et créent des déchets. De plus, nous avons de plus en plus de produits à disposition, toujours plus abordables et accessibles au plus grand nombre. La question est alors quel est la conséquence sur la consommation des ressources de la planète ?

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L’ONG américaine Global Footprint Network a mis en place un indice appelé le Jour du Dépassement de la Terre (Earth Overshoot Day), qui correspond à la « date de l’année […] à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de générer en un an » (source Wikipédia). Pour le monde entier en 2018, il est fixé au 1er Août, alors qu’il était au 24 Décembre en 1971 pour le monde entier. Pour la France seule, il est au 5 Mai … et les choses ne vont pas en s’améliorant. Il est clair que nous consommons de plus en plus de ressources, que ce soit des ressources de matières premières pour fabriquer des produits ou des ressources énergétiques pour les faire fonctionner.

Faut-il alors réduire le nombre de produits accessibles aux consommateurs ? Lorsque l’on a utilisé un produit qui répondait parfaitement à un besoin, il devient très dur de s’en passer. Prenez l’exemple de la cuisine. La démocratisation des robots de cuisine a permis à la fois de passer moins de temps en cuisine pour ceux qui n’aiment pas ça, tout en permettant de réaliser des recettes plus complexes. Sommes-nous prêts à nous passer de ces robots et revenir à une cuisine manuelle ? Je n’en suis pas sûr. De plus, les pays comme ceux du BRICS sont en pleine croissance avec l’émergence d’un classe moyenne qui consomme toujours plus, il semble compliqué d’imposer une limitation sur leur consommation de produits.

Alors quelle peut-être la solution ? Une des réponses plausibles est d’améliorer l’impact environnemental global des produits mis sur le marché. C’est dans ce cadre que s’inscrit la démarche d’éco-conception, qui permet d’intégrer pour chaque phase du cycle de vie d’un produit son impact environnemental dès la conception. L’idée est de concevoir un produit en anticipant son bilan énergétique dès la conception, ce qui permettra de faire des choix de design quant à la performance en ressources. Globalement cette démarche vise à faire des choix de design permettant de limiter l’impact écologique du produit développé sur l’ensemble de ses phases de vie.

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Quels seront les impacts sur les produits éco-conçus ? Quelles seront les différences entre deux produits assurant des fonctionnalités similaires mais dont un est passé par un cycle d‘éco-conception ? Il est difficile de faire une généralité pour l’ensemble des produits. La prise en compte de l’impact environnemental des produits implique une phase d’étude plus importante et de nouvelles contraintes ajoutées dans la spécification, ce qui compliquera les choix de design. En toute logique la phase de développement sera plus longue et plus coûteuse. Côté coût de revient, la nature des matières utilisées pourra entrainer une augmentation, ainsi que des traitements potentiellement plus chers. Le paradigme actuel de développer le produit assurant une fonctionnalité au meilleur coût possible garantit que l’optimisation en coût de revient a déjà été menée, il semble peu probable de trouver des gains en fabrication grâce à l’écoconception.

Côté utilisation, l’écoconception prône une optimisation de l’efficacité énergétique (donc un moindre coût opérationnel pour l’utilisateur) ainsi qu’un programme de maintenance qui permette de générer le moins de déchets. Donc de permettre à l’utilisateur ou des services spécialisés d’effectuer la maintenance sur les produits et de ne plus être dans le « jetable ». Des efforts sont à faire sur l’aspect maintenance : aujourd’hui, dans l’électroménager, il est plus souvent moins coûteux pour le consommateur de jeter son produit et d’en racheter un à la moindre défaillance…

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Des cycles et des coûts de développement plus longs, un coût pour l’utilisateur potentiellement plus important … mais pourquoi les entreprises et les consommateurs se tourneraient-ils vers des produits éco-conçus ? Pour les mêmes raisons qui font l’essor du « bio » aujourd’hui, alors que la production de nourriture « bio » est plus chère et plus complexe que la production d’OGM. Les chiffres le montrent, il n’est pas possible de continuer à consommer autant voire plus sans impacter de manière durable notre planète. Les consommateurs prennent conscience que l’acte d’acheter un produit peut devenir un acte militant, en adhérant aux valeurs portées par le produit ou par l’entreprise qui le fabrique. Par exemple, la société néerlandaise Fairphone revendique d’avoir créé un smartphone dont la conception et la production intègrent des contraintes environnementales et de commerce équitable. Tiens, ça ressemble au discours sur les fruits et légumes bio …

Finalement ce sont aussi des incitations étatiques et européennes qui vont obliger les industriels à s’intéresser de plus près aux pratiques d’écoconception. Des règlementations déjà en place (RoHS, REACH …) imposent de prendre en compte des contraintes liées à la fabrication. Il existe aussi des normes qui visent à limiter l’impact environnemental de certains produits, comme les normes sur les émissions polluantes des automobiles Euro qui imposent aux constructeurs de maitriser l’impact environnemental de leurs moteurs thermiques dès la phase de conception. Le principe de « pollueur-payeur » a été adopté par l’Europe en 1986, et force à prendre le coût écologique en compte dans les décisions stratégiques des entreprises de production. Les dernières COP, dont la COP21 avec l’Accord de Paris, vont imposer aussi de nouvelles contraintes sur les produits dans le but de limiter le réchauffement de la planète.

Pourquoi changer de paradigme maintenant ?

Pour ne pas rater le train dans lequel toutes les entreprises devront monter à un moment ou à un autre. Les chiffres sont là : nous devons revoir notre manière de concevoir les produits pour qu’ils soient plus respectueux de leur environnement. La prise de conscience des consommateurs de leur impact environnemental, avec par exemple l’évaluation de leur bilan carbone (facilité avec l’émergence du Big Data et les Objets Connectés) est l’élément déclencheur de ces dernières années. L’éco-conception est le nouveau paradigme du développement de produits, et c’est bien parti pour durer !

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