Les produits avec lesquels nous sommes en interaction quotidienne (téléphone, voiture, PC, appareil électroménager …) sont les fruits du développement d’une idée, d’un concept, d’une vision. Mais comment sont-ils passés de l’idée à la réalité ?

Le rôle du Développement Produit est de transformer cette idée en un produit qui puisse être fabriqué en grande série. Vous allez voir, la route est longue !

LES CRITERES D’UN BON PRODUIT

Avant tout, la question est de savoir ce qu’est un bon produit. Pour qu’un produit réussisse sur son marché, il doit être fonctionnel, fiable, robuste, ergonomique, vendu à un prix compétitif sur le marché et esthétiquement beau pour pouvoir satisfaire les clients. La méthode de développement produit doit permettre d’atteindre le meilleur compromis possible.

L’objectif de ce billet est de présenter les grandes étapes de la méthode de développement produit suivie par SOREAM lors de l’ensemble de nos développements. Cette méthode nous permet de garantir le développement d’un produit qui présente le meilleur compromis et qui sera un succès lors de son arrivée dans le marché.

LA PHASE DE CONCEPTS

La première activité est de récupérer les Besoins, les Attentes et les Contraintes du client. Les besoins sont ceux exprimés (explicités) par l’utilisateur final (client) du produit. Les attentes sont les besoins non exprimés (implicites) par le client, comme les habitudes du secteur d’activité, du marché, le niveau de qualité ou autres … Finalement, les contraintes représentent toutes les normes et les exigences réglementaires à prendre en compte pour avoir l’autorisation de mettre le produit sur le marché.

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Une fois le cadre posé, l’étape de Benchmarking permet de mettre un contexte autour du produit à développer, en s’appuyant sur l’existant. Le benchmarking peut être réalisé en silo (focalisation sur le marché propre du produit) et en transversal (focalisation sur des marchés connexes). L’étude des marchés connexes permet la cross-pollinisation, c’est-à-dire le transfert des technologies / solutions présents sur un marché à un autre.

Puis vient l’étape du Brainstorming, la phase de créativité pure qui va donner naissance à plusieurs concepts du produit. L’art de mener un brainstorming est complexe, car il nécessite de la méthode pour faire converger les idées, tout en libérant la créativité des intervenants. Un futur billet sera dédié à cet art.

Finalement l’Etude de Faisabilité est lancée sur un ou plusieurs concepts issus de la phase de brainstorming, afin d’avoir plus de précisions sur leur faisabilité et leur chiffrage. A la fin de cette phase, l’étude de faisabilité fournit les éléments nécessaires pour orienter le choix du concept retenu pour le développement en fonction de critères techniques, économiques et de respect du besoin client.

LE DEVELOPPEMENT

Une fois le concept retenu, il est alors nécessaire de décliner les besoins clients en Spécification Technique. Celle-ci doit permettre de garantir que le produit final répondra bien aux trois types de besoins évoqués ci-dessus : besoins clients, attentes et contraintes. Elle se doit d’être exhaustive et d’utiliser des critères mesurables.

Armé de cette spécification, il est alors possible de se lancer dans la Conception Préliminaire du produit. L’objectif est alors de faire un design complet du produit (3D, architecture électronique, logique de commande, architecture de code), qui sera figé à l’issue de cette étape. La complexité de la conception préliminaire réside dans le devoir de trouver le meilleur compromis pour intégrer l’ensemble des fonctions requises de manière harmonieuse.

Puis vient la phase de Conception Détaillée dans laquelle les matériaux sont choisis, les plans (mécaniques, électriques, …) sont réalisés et le code validé. A l’issue de la conception détaillée, le produit peut être lancé en production. Cette étape nécessite une expertise technique très importante, car elle doit permettre d’assurer les aspects fonctionnels du produit. Il est alors nécessaire de s’appuyer sur des experts métiers pour valider l’ensemble des choix techniques.

LE PROTOTYPAGE

La phase de Prototypage est fondamentale dans la mise au point d’un produit, surtout dans le cadre d’une méthode Agile. Le prototypage ne concerne pas uniquement la fabrication en prototypage 3D, il s’agit d’une notion plus vaste. Un prototype est un « exemplaire incomplet et non définitif de ce que pourra être le produit final » (source : Wikipédia), il est donc possible de prototyper une expérience client, un process, un design, une fonctionnalité… Le plus important est d’être le plus représentatif du produit final sur l’axe prototypé. Et bien sûr de le tester par la suite !

Un autre point très subjectif peut être abordé par le prototypage : l’Esthétique du produit. Il est compliqué pour le cerveau humain de se projeter, même à l’aide de rendus 3D. Des solutions de réalité augmentée ou réalité virtuelle peuvent permettre d’améliorer la perception, mais la plupart du temps des solutions de prototypage 3D rapides sont plus adéquates pour valider l’aspect esthétique.

A l’issue de la phase de prototypage, le design du produit peut être revu et par conséquent une nouvelle phase de développement peut intervenir. Les modifications peuvent nécessiter de lancer une nouvelle phase de prototypage. Il est habituel de passer par 2 ou 3 phases de prototypages sur des projets innovants pour converger vers la solution finale. Attention à la tentation de rester dans la phase de prototypage pour faire « toujours mieux » et de ne plus être à l’heure pour la sortie sur le marché ! Quel que soit le produit, il pourra toujours être amélioré, optimisé, affiné … mais un produit « parfait » arrivé trop tard sur le marché se soldera par un échec commercial.

L’INDUSTRIALISATION

L’étape d’industrialisation a pour objectif de déterminer la meilleure manière de fabriquer et assembler le produit, en considérant trois critères : le coût, le délai de production et la qualité du produit. Si un seul de ces critères n’est pas optimisé, le produit pourra passer à côté de son marché.

La phase d’industrialisation nécessite de mettre en place des outillages pour faciliter les étapes de fabrication et d’assemblage du produit. Le niveau d’industrialisation dépend fortement des volumes à produire : le niveau d’industrialisation n’est pas le même entre une série de 10 exemplaires ou une série de 1,000 exemplaires. Chaque outillage fera l’objet d’un Business Case (analyse de rentabilité) pour valoriser le temps gagné par l’utilisation de l’outillage. Certains outillages se révèlent indispensables à la fabrication (moules d’injection, matrices …) pour garantir un niveau de qualité optimal pour les pièces. La Chaine d’Approvisionnement complète sera aussi mise en place lors de la phase d’industrialisation.

LA CERTIFICATION

Tout produit vendu sur un marché fait l’objet d’une Réglementation (locale, nationale, européenne …). Celle-ci a pour objectif de protéger l’utilisateur final et lui garantir que le produit est sain et non-dangereux pour sa santé ou pour l’environnement. Il appartient à l’entité qui commercialise le produit de démontrer qu’elle respecte les normes de certification avant toute mise en vente sur le marché.

La certification peut comporter plusieurs types de Justification, de la preuve par simulation a l’essai en conditions environnementales représentatives. Ces essais de certification peuvent être lourds à mettre en place et peuvent représenter une partie non négligeable du budget de développement du produit. Les essais de certification donnent lieu à un rapport d’essai, qui devra être soumis aux autorités de certification.

LA VIE SERIE

Le développement produit ne s’arrête pas à la mise sur le marché du produit. Il l’accompagne tout au long de sa vie, pour le faire évoluer en fonction des retours clients et des problèmes de maturité. Il existe deux types de modification : les rétrofit et les évolutions. Le rétrofit concerne des modifications nécessaires pour le bon fonctionnement du produit (usure anormale de certaines pièces, pièces potentiellement dangereuses pour l’utilisateur …). Dans ce cas les produits déjà commercialisés seront modifiés pour assurer leur bon fonctionnement. L’évolution des produits concerne un processus d’amélioration continue des produits, en l’améliorant grâce au retour d’expérience le produit. Dans ce cas, les produits déjà commercialisés ne bénéficient pas des modifications.

ET LA LOGIQUE DE DEVELOPPEMENT ?

J’espère que ce billet a permis de bien présenter le cycle de développement produit. Bien entendu, c’est une approche théorique qui est exposée, car chaque développement de produit est unique. A la suite de l’étape du dossier de faisabilité, la Logique de Développement est établie pour proposer le chemin le plus adéquate pour arriver à la mise sur le marché. La logique de développement est la roadmap qui anticipe le nombre de prototypes nécessaires, les essais à mener et le cadencement du développement. Cette logique tient bien sûr compte des exigences de la réglementation.

Pour ceux qui ont réussit à lire le billet jusqu’ici, bravo à vous et j’espère vous avoir pu mettre en lumière la complexité liée au développement produit. La maitrise de cette complexité est une des facettes de « l’Art du Développement Produit », ou l’art de trouver le meilleur compromis.

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